"Notre diplomatie ne va pas bien !" pour Marielle de Sarnez

Publié le par MoDem

 

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De passage à Metz , Marielle de Sarnez a répondu aux questions du Républicain Lorrain sur la situation en Tunisie et la position de la France .

Marielle de Sarnez, députée européenne et numéro 2 du MoDem était de passage à Metz, hier. Elle commente ici les évènements de Tunisie.

Que vous inspirent les événements tunisiens ?

Marielle de Sarnez : « Beaucoup de joie de voir tomber ce nouveau mur de Berlin, et en même temps, une grande perplexité. Il est surprenant de voir à quel point la France a été complaisante avec Ben Ali, et ceci ne date pas d’hier.


Jusqu’au bout, la diplomatie française s’est trompée : en soutenant aveuglément ce régime, sans aucune contrepartie et durant des années ; en pensant que le mouvement qui s’est levé il y a un mois n’aboutirait pas. C’est triste de voir la France passer à côté d’un tel rendez-vous avec la démocratie.

On est en droit de se poser des questions sur notre politique étrangère. A dire vrai, je pense que notre diplomatie ne va pas bien.

Voyez nos relations l’Afrique, la rupture tant attendue n’a pas eu lieu. Voyez la tentative de création d’une Union pour la Méditerranée, qui est en passe d’échouer. Notre alignement sur les Etats-Unis, depuis que nous avons regagné le commandement intégré de l’OTAN, ne nous réussit pas.

J’espère que ce qui vient de se produire en Tunisie va remettre à leur place tout ceux qui pensent que le développement économique peut se passer de démocratie, que la liberté n’est pas une valeur que l’on peut exporter et défendre ailleurs que chez soi. Ce discours est totalement dépassé, il est même dangereux. Prenons exemple sur l’Allemagne : ce pays fait du business avec tous les pays du monde, à commencer par la Chine dont elle est le premier partenaire économique en Europe, ce qui ne l’empêche pas de dire, sur les droits de l’Homme, des choses que l’on aimerait entendre plus souvent dans la bouche de nos dirigeants. Mme Merkel n’a pas tourné autour du pot le jour où elle a reçu le Dalaï-Lama. Les grandes puissances respectent les pays qui ont une parole forte.

Les réseaux sociaux ont joué un rôle déterminant dans le soulèvement…

Effectivement et ça, c’est formidable. La vérité est qu’il n’y a plus de frontières pour la démocratie, c’est extrêmement revigorant ! Je suis convaincue que cette révolution, car c’en est une, va créer un précédent au Maghreb, mais aussi en Egypte, en Jordanie et dans de nombreux pays. Il s’agit vraiment d’un événement fondateur.

La Tunisie a-t-elle les moyens de réussir sa transition démocratique ?

« Je le crois, je l’espère en tout cas de toutes mes forces. On ne peut qu’espérer voir les choses s’apaiser et la situation se stabiliser. Le pays ne manque pas d’aouts. Le peuple tunisien en est un, la jeunesse en particulier, très bien formée et parfaitement informée. L’armée me semble être aussi un élément de stabilité. La classe politique, dans sa grande majorité, semble prête à donner naissance à un gouvernement d’union nationale.

Propos recueillis par Nicolas BASTUCK.

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