Europe : "La vraie question, c'est la méthode de gouvernance !"

Publié le par Gagny en mouvement

7 décembre 2012

                                                           
   
 

Guy Verhofstadt

Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge et président de l'Alliance des Démocrates et des Libéraux pour l'Europe (ADLE), était l'un des invités du 5e congrès du Parti démocrate européen.

Réputé pour son franc-parler, il a pointé les dysfonctionnements de l'Union européenne et appelé les parlementaires à faire preuve de davantage de « courage » : « Cessons les petits pas et réalisons un vrai saut en avant dans l'intégration européenne ! »

Guy Verhofstadt n'y va pas par quatre chemins. Devant ses confrères et amis parlementaires européens, il a immédiatement pointé la responsabilité collective : « Nous ne sommes pas assez courageux, à l'intérieur comme à l'extérieur du Parlement. Trop de nos adversaires craignent leurs opinions publiques, jouent de leur instinct pour les suivre et ainsi faire du populisme. Un véritable homme politique, en démocratie, c'est tout l'inverse ! C'est quelqu'un qui a une vision et qui essaye de convaincre les opinions de cette thèse. Nous devons donc nous mobiliser davantage, organiser une grande coalition pour que les pro-européens se fassent entendre », a-t-il jugé.

Pour une gouvernance « supra-nationale »

À ses yeux, « l'Union européenne a d'abord besoin d'une structure institutionnelle qui marche » : « Pour le moment, nous sommes dans l'indécision. La Commission, affaiblie, n'utilise pas son droit à l'initiative. C'est le Conseil européen, c'est-à-dire les représentants des gouvernements des États membres, qui est aux manettes. La vraie question c'est : quelle méthode de gouvernance voulons-nous ? Cette domination du Conseil européen, sorte de Congrès de Vienne permanent, de nations unies incapables de décider car fonctionnant toujours à l'unanimité ? Nous avons eu vingt-sept sommets depuis le début de la crise ! Ou une méthode supra gouvernementale, enfin efficace et rapide ? », a interrogé ce proche de François Bayrou.

« Je crois que nous devons réinventer l'esprit de Jean Monnet et de Robert Schumann. Nous devons défendre ce système supra-national, doté d'un vrai gouvernement pour l'Europe, qui réponde de ses responsabilités devant le Parlement européen et une seconde chambre composée des gouvernements des États-membres », a proposé l'ancien premier ministre belge.

« Une monnaie ne peut exister sans État »

Revenant sur la fragilité de l'eurozone, le parlementaire a fait un constat simple :« La dette de l'eurozone nous pose problème, car nous avons fait des erreurs d'architecture au moment de la création de la monnaie unique. Un État peut exister sans monnaie, mais une monnaie ne peut pas exister sans État. Derrière l'euro, il n'y a pas d'État. Nous devons créer une autorité publique crédible à l'échelle européenne, avec un budget et un marché obligataire. C'est la seule voie vers la croissance et le seul moyen pour que l'Europe soit encore représentée au G8 en 2035, face à des géants comme la Chine, l'Inde, les États-Unis, le Brésil ou l'Indonésie », a analysé Guy Verhofstadt.

« Certains freinent la construction européenne car ils veulent défendre leur souveraineté au niveau national. Mais croyez-vous que les Grecs ou les Espagnols se sentent vraiment souverains ? », a-t-il questionné. Pour le président de l'ADLE, « face à la crise terrible que nous rencontrons, le temps n'est plus aux petits pas, il faut faire des choix et cela passe par une intégration beaucoup plus poussée. Les politiques de défense et des affaires étrangères doivent par exemple être au cœur des politiques européennes. Cela nous permettrait de peser davantage, d'être entendus dans le monde, tout en faisant des économies d'échelle ».

« Pas d'harmonisation totale, mais une convergence ! »

« Je ne dis pas que nous avons besoin d'une harmonisation totale où disparaitraient les États-nations, mais il faut une politique de convergences. Aujourd'hui, nous avons un gros camion allemand et, dans l'autre sens, une petite auto grecque qui s'écrase au milieu de l'autoroute. Les vingt-sept États membres doivent aller dans la même direction », a-t-il poursuivi. Avant de prendre l'exemple français d'Arcelor-Mittal : « N'est-ce pas dramatique de voir chaque pays discuter et essayer d'influer sur M. Mittal ? Je l'ai tenté, lorsque j'étais premier ministre de la Belgique. Je vois le gouvernement français le tenter à son tour. Mais où est notre politique stratégique de l'acier ? Dans le secteur de l'automobile, c'est la même chose ! Soyons sérieux, nous ne sauverons pas tout le monde sans politique industrielle européenne. L'Europe, c'est la réponse à ces problèmes là », a conclu cet européen convaincu.

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